[vc_row][vc_column width= »1/4″][vc_single_image image= »329″ img_size= »large » onclick= »link_image »][/vc_column][vc_column width= »3/4″][vc_column_text]Exposition d’art contemporain chinois « Âmes errantes : hommage à Gauguin » du 16 avril au 13 juin 2015
Organisée par Amy Li et Lü Peng en partenariat avec le Musée de Tahiti et des Îles – Te Fare Manaha
Salle d’expositions temporaires
Artistes : Song Yonghong, Wang Guangyi, Ye Yongqing, Yin Zhaoyang, Yue Minjun, Zeng Hao, Zhang Xiaogang, Zhou Chunya.[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row][vc_column][vc_column_text]Présentation par le commissaire de l’exposition
« Ici, près de ma case, en plein silence, je rêve à des harmonies violentes dans les parfums naturels qui me grisent. Délice relevé de je ne sais quelle horreur sacrée que je devine vers l’immémorial. Autrefois, odeur de joie que je respire dans le présent. Figures animales d’une rigidité statutaire : je ne sais quoi d’ancien, d’auguste, religieux dans le rythme de leur geste, dans l’immobilité rare. Dans les yeux qui rêvent, la surface trouble d’une énigme insondable. Et voilà la nuit – tout repose. Mes yeux se ferment pour voir sans comprendre le rêve dans l’espace infini qui fuit devant moi et j’ai la sensation de la marche dolente de mes espérances. »
Ces lignes sont extraites d’une lettre de Paul Gauguin à André Fontainas en date de mars 1899. Dans cette missive, Gauguin s’efforce de son mieux d’argumenter en faveur des œuvres qu’il a crées à Tahiti et qui vont être exposées à Paris. Plus d’un siècle après, ces mots n’ont rien perdu de leur pertinence.
Les artistes chinois avaient acquis une expérience du modernisme européen dans les années vingt et trente, mais en raison de la guerre, des mouvements politiques et de l’influence des idées passéistes, ce n’est que dans les années quatre-vingts que la nouvelle génération d’artistes a pu aller chercher à comprendre l’art moderne européen ouvert par Cézanne, Van Gogh, et Gauguin. Alors, c’est précisément la position de révolte des artistes européens de la génération de Gauguin et leurs œuvres qui ont permis de libérer totalement les artistes chinois du carcan du réalisme socialiste soviétique, que ceux-ci ont commencé à chercher comprendre comme eux la peinture, et même, à travers la compréhension de l’art, à parvenir à une « observation inversée »[en philosophie chinoise, cela signifie observer les êtres et les choses de leur point de vue et non de celui de l’observateur] du sens de la vie. Lorsque Gauguin dans ses lettres de Tahiti répond à la question sur sa technique, il écrit : « C’est une technique d’improvisation qui suit une intention de créer le matin, une réalité d’apparence naturelle insouciante, et j’applique cette technique selon ma propre méthode d’expression de ma pensée](Tahiti, 1896-97).
Les artistes de nos jours sont habitués à ce type de notion, mais, dans la Chine des années 1980, ce type d’appel au modernisme avait pour effet de renverser toutes les vieilles normes artistiques et de briser les carcans qui faisaient obstacle au développement de la modernité, le soi-disant « mouvement des beaux-arts 85 » résultait justement de l’influence de nombreux artistes modernistes tel Gauguin ainsi que de leurs conceptions et de leur art.
C’est en gros à partir des années 1990 que l’art chinois est entré dans une nouvelle phase de développement « d’art contemporain », et que l’essentialisme typique de Gauguin est devenu « dépassé », et que les gens ont de plus en plus admis tout art capable de s’auto-justifier. Dans ce contexte, les artistes chinois de la « nouvelle vague 85 » pressés d’entrer dans la phase post-moderne ont connu le doute marqué par le retour sur soi-même : aujourd’hui où tout peut être de l’art, qu’est-ce que l’art, au fond ? En fait, cette question revient à se poser celle qui taraudait Gauguin à son époque : D’où venons-nous ? Qui sommes-nous ? Où allons-nous ?
Même si le nom de Gauguin ainsi que l’art de ce « sauvage » sont familiers pour les artistes chinois, en fait, lorsqu’ils y réfléchissent, ils ont tous, nonobstant leurs vues personnelles, du respect pour lui, parce que de toutes façons, c’est bel et ben grâce à lui et quelques autres que la Chine a eu son modernisme, et même son art contemporain. Aujourd’hui, l’art contemporain chinois est dans chaque exposition importante dans le monde, on le voit dans différents Instituts des beaux-arts, il est devenu une partie importante de l’art contemporain mondial.
C’est au vu de cela que nous avons choisi quelques artistes contemporains chinois disposant d’une certaine renommée internationale et actifs sur la scène artistique mondiale et les avons invités exprimer vision historique particulière, au moyen de leur propre langage et leurs propres formes, à la mémoire de Gauguin et de ses contemporains. Lorsqu’ils feront l’expérience de l’environnement naturel où vivait Gauguin, peut-être qu’ils comprendront mieux le caractère fondateur de « l’intuition créatrice » de Gauguin, son importance et son sens particulier.
En 1903, Gauguin s’est plaint qu’il y avait beaucoup d’artistes locaux aux îles Marquises, mais que les autorités n’avaient pas créé à Tahiti un musée pour conserver les œuvres et les exposer. Maintenant, tant d’années après, les artistes contemporains chinois vont exposer les leurs au Musée de Tahiti et des Îles, qu’est-ce qui pourrait mieux que cela expliquer les changements de notre monde ? Qu’est-ce qui pourrait mieux que cela indiquer que l’art est pour l’humanité la passerelle la plus efficace pour la communication des âmes ? En 1892, Gauguin a achevé un tableau intitulé « L’esprit des morts veille », en fait, c’est lui qui veille, ce sont tous les artistes, ce sont tous les hommes dotés de puissance créatrice, et cette exposition, c’est un hommage des artistes chinois à ce « mort qui veille, Gauguin ! »
Commissaire d’exposition : Lü Peng, historien de l’art[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]