Entrée dans les collections du Musée de Papeete avant 1939, cette ceinture d’écorce de la province du golfe de Papouasie en Papouasie-Nouvelle-Guinée était probablement portée par un homme initié et de haut rang .
Les ceintures sans décor constituaient, quant à elle, la tenue d’initiés moins prestigieux. Toutes ceintes à la taille, serrées, elles étaient maintenues par un bouton de coquillage, par exemple, et un lien de fibre végétale. Ici, sur une des extrémités arrondies de notre ceinture par ailleurs brisée, on aperçoit deux trous qui devaient accueillir ce lien.
Un décor riche et couvrant figuré seulement près des extrémités de la ceinture était probablement visible le long des flancs et de l’abdomen du porteur. Les bords ne sont pas ouvragés mais couverts d’un pigment minéral rougeâtre. A l’inverse, la frise centrale fait apparaître diverses formes imbriquées, jouant des reliefs et contrastes permis par l’usage d’une chaux blanche de coquillages brulés et la couleur du matériau d’origine (souvent de l’écorce de Sagou).
Parmi elles, des visages opposés et reliés par des formes stylisées évoquent tantôt des bras, tantôt des jambes. Souvent, des séries de triangles formant des dents de scie entourent chaque forme et viennent encadrer la frise décorative de cette ceinture.
Les motifs, relevant d’une symbolique spécifique à un clan, permettaient d’identifier celui du porteur. La plupart d’entre eux, propre à une esthétique distinctive du golfe de Papouasie, se retrouvent sur de nombreux autres objets, comme les boucliers ou masques.
Il semble que les ceintures d’écorces cessèrent d’être portées assez tôt au cours du 20e siècle. Si de multiples facteurs pourraient expliquer cela, les conditions et modes de vie évoluèrent rapidement entre les années 1870 et 1930, impliquant une perte de signification pour ces objets. Auparavant, et malgré le grand inconfort qu’elles pouvaient procurer lors de certaines tâches (comme la rame !), leur importance comme reconnaissance sociale empêchait leurs courageux propriétaires de les ôter !
Références:
Bell, Joshua A. Ombres de Nouvelle-Guinée. Arts de la grande île d’Océanie dans les collections Barbier-Mueller. Musée Barbier-Mueller & Somogy éditions d’arts (éd.), 2006, cat. 157, p. 314.
Conversations on Conservation of Cultural Heritage, “Object Assessment of Carved Bark Belt from Papua New Guinea, Ethnographic Collections, Department of Anthropology UCL,” consulté le 24/03/2020.