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L’ancre dite de Cook.

DATE(S) : 22 avril 2020 - 30 avril 2020
HORAIRES : Pas d'horaires

OÙ SOMMES-NOUS ?

Aujourd’hui nous vous proposons de découvrir le récit de la découverte de l’ancre « dite de Cook » du Musée de Tahiti et des Îles, qui accueillait les visiteurs à l’entrée du public. Elle fut mise en valeur par la reconstitution de ses éléments en bois par l’archéologue naval Robert Veccella .

Vers la fin du XVIIIe siècle, un certain nombre de navires explorent les Mers du Sud avec pour mission essentielle d’en rapporter des informations cartographiques et scientifiques. En outre, la croyance en l’existence d’un continent austral qui se situerait entre l’Afrique et l’Amérique du Sud et qui contrebalancerait le poids des terres septentrionales et maintiendrait l’équilibre terrestre, met en compétition les nations européennes, l’Angleterre n’hésitant pas à lancer des expéditions pour compléter ses données sur l’hémisphère austral. Ainsi, le Capitaine James Cook est-il choisi par l’Amirauté et soutenu par la Royal Society pour mener à bien ces voyages d’exploration en quête de la Terra Australis Incognita dont l’objectif final en est la prise de possession au nom de sa Majesté Britannique le Roi George III mais de manière officielle, pour observer le transit de la planète Vénus afin de mesurer la distance entre la Terre et le Soleil. Depuis la découverte de Tahiti en 1767 par Samuel Wallis et peu après en 1768 par Louis-Antoine de Bougainville, l’île devient une escale privilégiée, le caractère accueillant de ses habitants et les facilités d’approvisionnements en eau et en nourriture ayant bâti sa réputation. Le Capitaine Cook y fera plusieurs séjours durant les trois grandes expéditions qu’il dirigea et c’est au cours de la deuxième que ce dernier aborde l’île en août 1773 via l’Antartique et la Nouvelle-Zélande. Cette fois-ci, il décide de se rendre à la presqu’île qu’il connaît pour sa nature abondante et généreuse avant de rejoindre le mouillage habituel de Matavai.

Le 16 août 1773, les vaisseaux Resolution et Adventure, le premier commandé par James Cook et le deuxième par Tobias Furneaux, s’approchent des côtes du village de Tautira aux premières lueurs du matin, à environ deux kilomètres du récif. L’équipage se réjouit d’une belle matinée qui annonce la fin de la fatigue, des maladies et de la mort rencontrées auparavant. Aussitôt repérés, les habitants de Tautira s’empressent de rejoindre les vaisseaux à bord de leurs pirogues. La brise était tombée et les chaloupes furent mises à la mer afin de remorquer les vaisseaux au large. Selon l’usage, des ambassadeurs de l’île, munis de jeunes pousses de plantain en guise de symbole de paix se présentèrent en premier à bord des vaisseaux et après l’acceptation d’un traité de paix, des contacts chaleureux s’établirent entre la population et l’équipage. Une centaine de pirogues entourèrent les vaisseaux et petit à petit, un marché flottant se mit en place, où s’échangeaient fruits, poissons et légumes contre des clous, de la verroterie et des médailles.

La bonne humeur et la liesse générale occupaient les esprits alors que les bâtiments s’étaient rapprochés dangereusement du récif quand soudain, la Resolution toucha une première fois. Le calme plat se maintenait. Vers 2H 00 de l’après-midi se trouvant alors à quelques mètres d’une ouverture dans la barrière de corail, les bâtiments furent happés par un courant qui les fit se diriger inexorablement sur le récif. Le capitaine Cook donna l’ordre de jeter une ancre de poste, mais elle ne parvint pas rapidement à atteindre le fond et la poupe de la Resolution heurta le récif à plusieurs reprises. L’Adventure se retrouva dans la même position et dériva dangereusement vers la Resolution manquant de se fracasser sur ce dernier. Deux petites ancres de touage furent aussitôt jetées et en virant sur elles-mêmes, les deux bâtiments se remirent à flot, pour quelque temps seulement. Toutes les chaloupes remorquèrent la Resolution alors que ses deux ancres de touage étaient remontées.

Hodges Collection du Royal Museum Greenwich

Une brise venant de la terre s’était alors levée, les aidant à s’éloigner du récif. Le capitaine Cook ordonna dès lors de couper le câble de l’ancre de poste. Dans le même temps, l’Adventure avait pu se mettre sous voile et réussit ainsi à rejoindre la Resolution en ayant néanmoins perdu ses trois ancres.

Le lendemain matin, la Resolution et l’Adventure mouillaient dans la baie de Vaitepiha à Tautira. Deux chaloupes et un canot furent mis à la mer pour tâcher de retrouver l’ancre de poste de la Resolution et les 3 ancres de l’Adventure. La première fut retrouvée ce matin-là. Les recherches continuèrent pour les trois autres mais sans succès. Elles ne se poursuivirent d’ailleurs pas, la chance ne leur avait-elle pas évité le naufrage ?

Deux cents ans plus tard, en janvier 1978, une équipe de cinéastes anglais et néo-zélandais débarquent à Tahiti pour tourner deux films : l’un sur les trois ancres de l’Adventure, perdues à Tautira le 16 août 1773 au cours du deuxième voyage de James Cook et l’autre sur l’histoire du capitaine William Bligh et du Bounty. Les principaux investigateurs de cette équipe de tournage étaient le producteur Phil KEILOG, le cinéaste anglais David LEAN et son assistant Eddie FOWLIE chargé de procéder à une étude minutieuse du journal de bord du capitaine Cook pour les besoins du film. Ce dernier parvint à estimer la position des vaisseaux au moment où les incidents se sont produits et qui auraient pu causer la perte irrémédiable de la Resolution et de l’Adventure. Ainsi les évènements se seraient déroulés à l’extérieur du récif et à quelques centaines de mètres à l’est de la pointe de Tautira. Une autorisation exclusive de recherches des ancres avec l’engagement d’en laisser la propriété au Territoire fut alors demandée par David LEAN au Conseil de gouvernement qui donna son accord le 25 janvier (arrêté n°074/AA du 30 janvier 1978).

Sortie de l’Ancre ©Michel Bonnard

Le 27 janvier, le tahitien Charles LEHARTEL, ami personnel de David LEAN et plongeur professionnel découvrit dès la première plongée à 40 mètres de profondeur ce qui semblait être une ancre de l’Adventure, prise au deux tiers dans le corail. Un mois de travail fut alors nécessaire pour la dégager. Quant aux deux autres ancres, il s’avérait évident que si les recherches de janvier 1978 permirent la découverte d’une première ancre parmi les trois perdues par l’Adventure durant les incidents du 16 août 1773, il y aurait encore toutes les chances pour que les deux autres fussent toujours bien  ancrées dans les récifs de Tautira.

Wolfram zu Mondfeld : Encyopédie Navale des modèles réduits, Pygmalion.1979.

 

 

Les dimensions de l’ancre dite de Cook correspondent plus à une ancre de touage qu’à celles d’une ancre principale. Elle possède un jas métallique (3,23 m) escamotable avec probablement à l’origine un habillage en bois. La verge (3,40 m) est surmontée d’un organeau à manille de 50 cm de diamètre lequel était vraisemblablement entouré de bandes protectrices en tissu épais. Le traitement de l’ancre a permis d’ailleurs de mettre au jour une corde et de la grosse toile qui se trouvaient à l’intérieur de l’organeau. Les jas métalliques font leur apparition dans la marine française vers le XIXe siècle mais l’Angleterre connaissait alors une avancée plus importante dans le domaine de la métallurgie.

commentaires par Robert VECCELLA

Traitement de l’ancre

Déposée au Musée de Tahiti et des Iles, l’ancre bénéficia d’un traitement par immersion dans un bain. Le procédé de la réduction électrolytique a débarrassé le métal des chlorures qui ont imprégné l’ancre pendant son long séjour dans la mer. Laissées en l’état, elles auraient, au contact de l’oxygène de l’air, provoqué la décomposition de l’ancre. Le bac d’immersion fut réalisé par le Service des Travaux Publics. Le traitement s’effectua grâce aux conseils et au contrôle du Service de l’Equipement et des Ateliers de la Marine Nationale Française (DCAN), en s’inspirant entre autres des rapports de M.C. PEARSON (« Head Department of Conservation and Restauration » d’Australie), aimablement communiqué par M. Kelly TARLTON du Shipwreck Museum de Paihia en Nouvelle–Zélande. Retirée de son bain de traitement après plusieurs mois, l’ancre fut brossée, lavée, séchée puis enduite de produit anticorrosion.

Ancre installée à l’Entrée du Musée de Tahiti

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