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Les puna sont des pierres sculptées qui servaient à attirer magiquement une espèce de poisson, ou de mammifère marin.
Le même mot désignait des repaires de poissons connus des pêcheurs, il signifie également fertilité[1]. Un puna appartenait à un gardien, qui le manipulait pour favoriser l’abondance de la pêche, ou au contraire la disette. Tourner la tête de la pierre-poisson vers l’océan ou vers la montagne faisait venir le poisson ou au contraire le faisait fuir. Dans ce dernier cas, peut-être cette manipulation était-elle effectuée lors des périodes de rahui – qui permettait d’interdire de façon formelle et sacralisée l’accès à une ressource, afin de limiter son exploitation et de favoriser sa reproduction naturelle.
N° Inv. 4144. Un puna de Faanui à Bora Bora (Société, ISLV), pierre légèrement façonnée (par piquetage) pour en accentuer sa ressemblance avec un animal, poisson ou cachalot.
D 2006.3.5 Puna i’a à peine façonné dans le corail.
En ce sens, les puna sont des pierres de fertilité, permettant aussi le « contrôle rituel de la reproduction naturelle »[2]. Chaque espèce avait son puna : thons, bonites, requins, mais également les tortues, puna honu, ou les cétacés.
N° Inv. D 2007.2.1. Puna honu de Maupiti, en corail.
N° Inv. D 2003.2.3 : Puna originaire de Mataiea, Tahiti.
Aux îles de la Société, les puna sont en général des pierres à peine sculptées, dont la forme naturelle évoque l’espèce. La tête ou certains traits caractéristiques de l’animal sont ébauchés : un trait gravé figurant une bouche, des trous piquetés pour les yeux… Les ti’i partagent ces caractéristiques formelles, étant peu sculptés. Il est parfois difficile de savoir s’il s’agit d’un ti’i ou d’un puna.
Particulièrement précieux, y compris aujourd’hui, les puna sont le plus souvent cachés. Ils sont donc rares dans les collections du Musée de Tahiti et des Îles, qui en compte une quinzaine.
N° Inv. 89.06.01. Pierre de la vallée Orofero (Paea, Tahiti, Société), puna qui évoque aussi un ti’i à tête phallique.
Aux Marquises, ces pierres sont plus sculptées et donc mieux reconnaissables. Deux pierres des collections du Musée de Tahiti et des Îles proviennent de la vallée Hanavave de l’île Fatu Hiva.
N° inv. 118. Pierre sculptée (poisson), de la vallée Hanavave à Fatu Hiva, Marquises « utilisé comme porte-chance par les pêcheurs », il était déposé sur le me’ae des pêcheurs.
N° Inv. 5732. Pierre tortue de la vallée Hanavave, Fatu Hiva (Marquises).
Et pour finir, vous pouvez découvrir en plein air ce puna baleine dans les jardins du Musée.
Il été découvert aux alentours de notre Musée, qui est un site bien connu d’observations des cétacés.
[1] Davies, J., 1951, A Tahitian and English Dictionary. With introductory remarks on the polynesian language and a short grammar of the tahitian dialect. Edition Haere Po no Tahiti, Papeete, Octobre 1984 ; Dictionnaire Fare Vana’aI;
[2] A. Babadzan, 1993. Les dépouilles de dieux. Essai sur la religion tahitienne à l’époque de la découverte. Editions de la Maison des Sciences de l’Homme, Paris, 341 p.[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]